mercredi 24 septembre 2008

Mbau mu Sodomo na ngundu-ngundu / Pluie de feu sur Sodome

Récepteur : Auguste KOUSSINGUISSA
Langue : beembe
Année de réception : inconnue
Interprète : inconnu

1) Mbau mu Sodomo na ngundu-ngundu [1]
Le feu s'est abattu sur Sodome comme l'éclair (comme la pluie ?)
Bu bakonini kuyuila ma leele Loti
Parce qu'ils n'ont pas écouté ce que disait Loth
Bu bakotiri mu mia nsoni, Nzambi wa baka mankesi,
et ont fait des choses honteuses, Dieu s'est mis en colère
Mbau ya sunduka, ya leeme mu Sodomo
Le feu est descendu du ciel, il a embrasé Sodome
Ba nienge mu mbau
Ils ont été consumés par le feu !

Mvutu / Refrain :
Mbau na ngundu-ngundu, na ngundu-ngundu
Le feu tonne, tonne
Mbau na ngundu-ngundu mu Sodomo
Le feu tonne dans Sodome
Mbau na ngundu-ngundu, na ngundu-ngundu
Le feu tonne, tonne
Mbau na ngundu-ngundu, baatu ba nienge !
Le feu tonne, et les gens sont consumés !

2) Nzambi wa heke ba mbasi kuri tata Loti
Dieu envoya des anges à papa Loth :
« Tata Loti na mukasi na baala baku, yisikee mu Sodomo !
« Papa Loth, quitte Sodome avec ta femme et tes enfants !
Nzambi wa baka mankesi sa ka bunga Sodomo na Ngomolo,
Dieu est en colère, il va détruire Sodome et Gomorrhe,
Bu bakonini ku yuila mia Yave,
Parce qu'ils n'ont pas écouté Yahvé,
Sa ba nienge mu mbau ! »
Ils seront consumés par le feu ! »

3) Mu kiminu tata Loti na baala boolo ba bakietu ba pala mu Sodomo
Par la foi, papa Loth et ses deux filles sortirent de Sodome.
Mukasi tata Loti bu ka konini kiminu,
Comme la femme de papa Loth manquait de foi,
Wa teleme, wa sieteke wa tata ku mambisa, wa kituka kimama.
Elle s'est arrêtée, s'est retournée, a regardé en arrière et a été changée en statue.
Biobinso mu Sodomo biafukila, biafukila, bia nienge mu mbau !
Toutes choses dans Sodome ont été détruites, détruites, consumées par le feu !

4) Beenu se, mu kiseendu kia moono ki,
Vous également, gens de cette nouvelle génération,
Seene kiminu mpisi lu vuuka, bwa vuuka Loti
Ayez la foi, afin d'être sauvés, comme le fut Loth
Kasi balaka sa bakituka mukasi Loti
Cependant, plusieurs connaîtront le sort de la femme de Loth,
Mbuti lu kuulukiri ko mu bimvwama bia ha nsi
Si vous ne vous libérez pas des richesses de ce monde
Ngundu-ngundu bu yi bwiri mu kilumbu kia mutsundu,
Quand le feu qui tonne s'abattra au jour du jugement,
Sa lwa nienge mu mbau !
Vous serez consumés par le feu !


Commentaire :
Le chant adresse une mise en garde terrifiante à tous ceux qui ne se conduisent pas conformément à la volonté de Dieu. Il met évidence les deux seules possibilités qui s'offrent à l'être humain : vivre par la foi et être sauvé, ou bien désobéir à Dieu et périr par le feu de son jugement.
La ligne interprétative du récit biblique de Genèse 19, 1-29 se situe dans ce qu'on appelle la théologie de la rétribution : Dieu sauve les justes et punit les pécheurs. Cependant, même en Afrique où cette théologie est très vastement admise, ce chant passe mal, en raison de sa manière directe et choquante d'invectiver les pécheurs. On l'écoute volontiers comme chant d'animation, parce que sa mélodie est très rythmée, mais on ne s'attarde pas sur le caractère effrayant de son contenu...
Notons que l'épouse de Loth est d'emblée présentée comme une femme sans foi ; or le texte biblique ne dit rien de tel. Il raconte simplement comment, en regardant en arrière, elle désobéit à l'ordre de l'ange chargé de détruire Sodome (« Sauve-toi pour ta vie ; ne regarde pas derrière toi... de peur que tu ne périsses. » Genèse 19, 17). Dans notre chant, la désobéissance de la femme de Loth est interprétée comme un manque de foi qu'elle paye de sa vie.
Le style narratif de la troisième strophe nous laisse imaginer la course folle de Loth et sa famille à travers la plaine du Jourdain, pour échapper à la catastrophe. Puis vient le moment où, pour la femme de Loth, cette fuite vers l'inconnu devient problématique : à Sodome, elle a construit sa vie, elle s'y est richement établie et ses deux filles s'y sont mariées avec des habitants du pays (Genèse 19, 14). Comment partir en laissant derrière elle tout ce qui leur appartient ? Pour la femme de Loth, la course pour sauver sa vie n'est plus possible. Elle s'arrête, dit le chant, elle se retourne un instant vers la vie qu'elle vient de quitter, et c'est la fin : elle est figée à tout jamais, pour avoir désobéi à la consigne salutaire de l'ange.
Mais prêtons attention à cette terrifiante pluie de feu qui tonne comme l'éclair. Pour un récepteur n’ayant pas eu accès à la Bible dans sa langue maternelle (le beembe), l'expression mbau na ngundu-ngundu, au regard du récit de la Genèse, est pleine de justesse, car elle rend bien l'idée du narrateur biblique qui raconte comment Dieu fit pleuvoir du soufre et du feu sur Sodome et Gomorrhe (Genèse 19, 24).
Par ailleurs, en langue beembe (une des langues de l'aire kongo), ngundu désigne une action de défrichage souvent réalisée au moyen du feu et destinée à rendre un terrain cultivable. On déracine les mauvaises herbes (ku soolo mangundu, enlever les mottes), on les brûle et la cendre obtenue sert à fertiliser le sol (c’est la pratique de l’écobuage de laquelle les Pyrénées tirent leur nom, d’après l’historien grec Diodore de Sicile [2]). Le terrifiant ngundu-ngundu annonçant le jugement dernier peut alors être entendu d’une toute autre manière, car il évoque une action divine ayant pour objectif de consumer le mal à la racine pour rendre à l’humain sa fertilité, sa capacité à produire de bons fruits, de bonnes actions qui plaisent au Créateur.
Toutefois, cette hypothèse de lecture n’enlève rien à la gravité de la sanction qui s’abat sur les habitants de Sodome : seul Loth et sa famille sont épargnés. Loth, porte-parole méprisé de Dieu au milieu d’une société envahie par le mal, abandonne toutes ses richesses et quitte Sodome sans se retourner, devenant ainsi un modèle de foi et d’obéissance à Dieu. Quant à son épouse, elle prend la figure de l’homme esclave de ses biens et enclin à la désobéissance, à cause de l’attrait du monde auquel il n’arrive pas à résister.
L’avertissement solennel donné par le chant s’adresse à toutes les générations, à toute personne, pour que chacun, au lieu de provoquer la colère divine par des actions honteuses, veille à faire ce qui est bon, dans l’intérêt de tous.

[1] Ngundu-ngundu : onomatopée, probablement issue du verbe ngunduka (tonner, faire un éclair, comme un coup de fusil) ou du mot ma-ngundu-ngundu (bruine, gouttes dans la forêt après la pluie).

[2]« Autrefois elles étaient en grande partie couvertes de bois épais et touffus ; mais elles furent, dit-on, incendiées par quelques pâtres qui y avaient mis le feu. L'incendie ayant duré continuellement pendant un grand nombre de jours, la superficie de la terre fut brûlée, et c'est de là que l'on a donné à ces montagnes le nom de Pyrénées. La combustion du sol fit fondre des masses de minerai d'argent et produisit de nombreux ruisseaux d'argent pur. » Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, livre V, ch. XXXV, page 36, trad. Ferdinand Hoefer (1851).

vendredi 1 février 2008

Kitantu kia ntama ntama / L’adversité de longue date


Chant en langue kikongo
Auteur/Récepteur : inconnu

Interprète : kilombo Centre de Bacongo, Brazzaville.
Photo : UNICEF/ Roger LeMoyne.

Kitantu kia ntama ntama kieti lembana mu manisa
L’adversité ancienne n’arrive pas à prendre fin
Nsi ya Kongo yeti vutuka ku manima
Le Congo est en train de régresser
Ba wa sola mu tuma Kongo beti lembana mu wawana
Ceux que tu as choisis pour diriger le Congo n’arrivent pas à s’entendre
Nsi ya Kongo yeti vutuka ku manima
Le Congo est en train de régresser

Refrain / Mvutu :
Eh eh Yave (2x)
Eh, Yahvé !
Yave Nzambi tula yenge mu Kongo (2x)
Yahvé Dieu, mets la paix au Congo

Solo : Nanguka mu ku tu sadisa
Lève-toi pour nous secourir !
Ye utukula mu diambu dia nlemvo aku
Et délivre-nous, à cause de ta miséricorde.

1) Kitantu kia ntama ntama kieti lembana mu manisa
L’adversité ancienne n’arrive pas à prendre fin
Nsi ya Kongo yeti vutuka ku manima
Le Congo est en train de régresser
Ba wa sola mu tuma Kongo beti lembana mu wawana
Ceux que tu as choisis pour diriger le Congo n’arrivent pas à s’entendre
Nsi ya Kongo yeti vutuka ku manima
Le Congo est en train de régresser

2) Zinzo zi tua tunguila mu mpasi za bamanisi mu muanguisa
Les maisons que nous avons construites avec peine ont toutes été détruites
Nsi ya Kongo yeti vutuka ku manima
Le Congo est en train de régresser

3) Zimbongo zi tua bakila mu mpasi za bamanisi mu labula
L’argent que nous avons gagné avec peine a été pris
Nsi ya Kongo yeti vutuka ku manima
Le Congo est en train de régresser.
4) Bimvuama bi tua bakila mu mpasi za bamanisi mu labula
Les richesses que nous avons durement acquises ont toutes été pillées
Nsi ya Kongo yeti vutuka ku manima
Le Congo est en train de régresser.

Commentaire :
L’évocation des souffrances générées par toute une décennie de guerre marque entièrement ce chant qui dénonce la haine et la violence entre Congolais, les rivalités qui gangrènent le pouvoir politique, le vol et le pillage qui sont entrés dans les mœurs.
Ici, ce sont les croyants qui parlent : ils se plaignent d’avoir perdu tous leurs biens (maisons, argents, richesses de toutes sortes). Ils se posent en victimes des événements douloureux qui ont frappé le pays, et ils implorent Dieu pour qu’il ramène la paix au Congo. C’est ce qui fait le caractère insolite de ce chant, quand on le compare avec d’autres chants interprétés par les groupes kilombo. En effet, la théologie véhiculée dans les chants kilombo invite de façon récurrente au détachement vis-à-vis des biens matériels. Ainsi, un chant beembe déclare :

Bu luri na busina, busina bu na ndaandu ko
La richesse que vous possédez ne vous est d’aucun gain
Bu lu kotiri mu lufwa, busina bu siiri
Lorsque vous entrez dans la mort, la richesse reste ici bas.

Or il semble qu’au sortir des guerres congolaises (1993, 1997 et 1998), une nouvelle génération de « chanteurs de Dieu » se met à exprimer la souffrance légitime des populations rescapées et dépouillées par des milices sans scrupules. La plainte monte alors vers Dieu, avec une vibrante supplication (Lève-toi pour nous secourir !).
On retiendra également l’invocation qui est au cœur de ce chant : les croyants se tournent vers Dieu qu’ils reconnaissent comme le seul capable de donner la paix à leur pays, le Congo.

samedi 15 septembre 2007

Ntangu ya nlemvo / Le temps du pardon


Chant en langue : kikongo
Récepteur/réceptrice : Enock MATONDO
Année de réception : inconnue

1- E ntangu a nlemvo yena bwabu kwa beto
Le temps du pardon nous est donné maintenant
Tulenda yo sadila
Nous pouvons en profiter
Mu tomba moyo utuavewa mu Yesu
Pour chercher le salut qui nous été donné en Jésus
Babonso tukubama.
Tous, préparons-nous.


Mvutu / Refrain :

Baminlongi, luiza babonsono !
Les enseignants*, venez tous !
Badibundu, luiza babonsono !
Les fidèles, venez tous !
O, luiza tuafinama !
Venez, approchons-nous !
Fintama beto tuna kwenda kwa Yesu
Bientôt, nous irons vers Jésus,
Nate ye mu mazulu
Jusqu'au ciel.


2- E ntangu a nlemvo yena bwabu kwa beto
Le temps du pardon nous est donné maintenant,
Tulenda sisa mambi
Nous pouvons abandonner le mal
Ye zomina koloa kia moyo tuasilwa
Et saisir la couronne de vie qui a été promise
Babonso tukubama.
Tous, préparons-nous.


3- E ntangu a nlemvo yina suka kwa beto
Le temps du pardon passera
Babonso tuyindula
Tous, réfléchissons
E Yesu bwabu weti boka kwa beto
Jésus crie à nous
babonso tukubama.
Tous, préparons-nous.


4- Balanda Yesu bana tambula moyo
Ceux qui ont suivi Jésus recevront la vie
Muna kayengele
Là où il est allé (au ciel)
Ye nlemvo ye yenge bina kala kwa bau
Et le pardon et la paix leur seront donnés
Mu mvu miamionsono.
Pour toujours.

* Minlongi (les enseignants) désigne ceux qui enseignent la Parole de Dieu dans l'Eglise : les pasteurs, les évangélistes, les catéchètes.


Commentaire :

Vibrant appel à la repentance lancé... aux fidèles rassemblés dans l'église ! On se serait attendu à un autre destinataire, les non convertis par exemple. Mais non, ce sont les convertis qui ont besoin de s'approcher du Seigneur pour être sauvés. Tout reste donc à faire au sein de la communauté chrétienne : réfléchir sur le mal qu'on fait, abandonner les mauvaises actions, se préparer à rencontrer son Dieu. La deuxième strophe (Tulenda sisa mambi /Nous pouvons abandonner le mal) laisse entendre que ce n'est pas facile, mais on peut y arriver !

Le rappel à l'ordre des croyants est direct : ce n'est pas le statut de chrétien qui sauve, mais plutôt la démarche de repentance et de changement radical que le Seigneur attend.

vendredi 27 avril 2007

Tata Nzambi yeto twa yitsaka / Dieu notre Père, nous sommes venus




Chant en langue kikwini
Récepteur/réceptrice : Alphonse NGUIMBI
Date : inconnue

1- Tata Nzambi yeto twa yitsaka
Dieu notre Père, nous sommes venus
Yitsa wu tubwana ha mukungi be wuwu
Viens nous rencontrer en ce lieu

Mvutu/Refrain : Mbau yi yona yeto tu kulombini (2x)
Le feu nouveau nous te demandons (2x)

2- Ngie wu yenikina bala ba Iselili
Tu t'es révélé aux enfants d'Isaraël
Wu tuyenikina ha mulandu be wuwu
Révèle-toi à nous sur cette montagne

3- Ngie wu twadisa bala ba Iselili
Tu as guidé les enfants d'Israël
Wu tutwadisa ha mulandu be wuwu
Sois notre guide sur cette montagne

4- Yeto bibedo Mfumu wu tubuketi
Nous sommes malades, Seigneur, guéris-nous !
Yeto bibedo Mfumu wu tubuketi
Nous sommes malades, Seigneur, guéris-nous !

5- Ngie wu sakumuna bala ba Iselili
Tu as béni les enfants d'Israël
Wu tusamukumuna ha mulandu be wuwu
Bénis-nous sur cette montagne

Commentaire :

Avec des paroles simples et directes, ce chant d'invocation se présente comme une prière fervente qui appelle la présence et la manifestation divines. Il est généralement chanté dans l'Eglise Evangélique du Congo, au cours des grands rassemblements en plein air et à l'occasion de la Pentecôte.
Les chrétiens rassemblés demandent à Dieu de venir à leur rencontre et de leur donner le feu nouveau, c'est-à-dire le Saint-Esprit : dans le Nouveau Testament, les disciples de Jésus reçoivent le Saint-Esprit sous forme de langues de feu qui se posent sur leurs têtes (Actes 2, 1-4).
L'évocation de ce que Dieu a fait en faveur d'Israël (Tu t'es révélé... tu as guidé... tu as béni les enfants d'Israël) a pour fonction de rappeler au souvenir de tous (chanteurs et auditeurs) une bonté divine dont on espère bénéficier. Les chrétiens attendent donc de Dieu qu'il prenne en charge chaque personne, comme il l'a fait pour Israël. Du même coup, l'assemblée qui chante se substitue au peuple élu, devenant ainsi le Nouvel Israël sur qui descend l'Esprit de Dieu, d'une manière tout à fait nouvelle (d'où l'allusion au feu nouveau). Dans la réalité, le contexte religieux du récepteur confirme cette ligne d'interprétation du chant : au sein de l'église évangélique du Congo, on note un foisonnement de charismes (chants et médecine révélés, don de vision, de prophétie, d'écriture, de guérison, etc.) que les fidèles considèrent comme la manifestation nouvelle et particulière de l'Esprit de Dieu au milieu de son peuple.
Ruth-Annie Coyault

samedi 7 avril 2007

Yula me ma tsolili lo / J'ai trouvé le ciel

Chant en langue yaka
Récepteur / réceptrice : inconnu
Date : inconnue

1- Yula me ma tsolili lo
Mu imini i tsolili lo
J'ai trouvé le ciel
Par la foi je l'ai trouvé

Mvutu / Refrain :
Yula, yula : yula !
Le ciel, le ciel, le ciel !
Yula e e yula
Le ciel, oh, le ciel
Yula me ma tsolili lo
J'ai trouvé le ciel
Mu imini i tsolili lo
Par la foi je l'ai trouvé

2- Ngha tsii ngha me ndi wa me
Tandis que je suis ici bas,
Matsimi ma me ku yula mali
Mes pensées sont tournées vers le ciel

3- Ngebe na pasi so dili
Qu'il y ait de la tristesse et de la souffrance,
Matsimi ma me ku yula mali
Mes pensées sont tournées vers le ciel

4- Mu butsana ni kundu wa me
Dans la solitude, je prie [pour moi]
Mu buwele ni yimbi wa me
Dans la pauvreté je chante [pour moi]

Commentaire :

Voici un chant dont le contenu semble résolument tourné vers l'au-delà ! Contrairement à d'autres chants qui font parler Dieu à la première personne, celui-ci donne la parole au croyant qui témoigne d'une merveilleuse découverte : il a trouvé le ciel.
Le ciel devient, dans ce chant, le sujet central de la vie du croyant qui traverse les peines de l'existence en ayant ses pensées tournées vers l'au-delà. Est-ce une façon d'échapper au quotidien en se réfugiant dans cet autre monde que laisse entrevoir le discours de la foi chrétienne ? Ce n'est pas sûr. La seconde strophe montre le réalisme dont est empreint le chant, car elle fait dire au croyant : "Je suis ici-bas". Loin d'être un "illuminé" au sens péjoratif où l'emploient certains, le récepteur du chant est donc tout à fait conscient de sa condition d'homme ; il ne cherche pas à y échapper, mais à la vivre avec optimisme, au lieu de se focaliser sur ses difficultés.
D'où l'affirmation surprenante de la quatrième strophe : "Dans la solitude, je prie ; dans la pauvreté, je chante". Le courage de chanter dans le malheur vient du fait que le croyant a un lieu d'espérance - le ciel - qui permet de relativiser la pénibilité de la condition humaine et de l'aborder avec sérénité, dans le chant et la prière.
Ruth-Annie Coyault

mercredi 28 mars 2007

Lutala muna vata dia Davidi / Voyez, dans la ville de David


Chant en langue kikongo
Récepteur/réceptrice : Bamana KUZITISA
Date : inconnue

1 - Lutala muna vata dia Davidi
Voyez dans la ville de David
I Betelemi dia Yuda kabutuka Mvulusi
C'est à Béthlehem en Judée qu'est né le Sauveur
Mvutu / Refrain :
O Luiza babonsono
Oh, venez tous,
E ndinga zazonsono tukunkembila
Gens de toutes les races, pour le glorifier
2- Lutala kuna zulu ku katukidi
Voyez, il est venu du ciel,
Ye nkembo wawunene wena kuna kasisidi
Et il a laissé une grande gloire
3- Lutala zola kwena ye Nzambi Se
Voyez l'amour de Dieu le Père
Mwana andi wa nlongo kafidisa kwa babo
Il a envoyé son saint enfant aux humains
4 - Kinzambi na kimuntu bibundane
La divinité et l'humanité se sont unies
I nsamu wa ngitukulu tumweni mu lumbi ki
C'est une chose étonnante que nous voyons aujourd'hui
5 - Zimbazi kuna zulu zayimbila
Les anges dans les cieux ont chanté
Ba kulumuna nkembo ye ba samuna mpulusu
Ils ont fait descendre la gloire et ont annoncé le salut
6 - Mu mayangi tufweni toma yimbila
Chantons avec allégresse
I mpulusu tubaka mu minu vo tu zolele
Par la foi, nous obtiendrons le salut, si nous l'acceptons.

Commentaires :
S'inspirant des textes bibliques, ce chant raconte la naissance de Jésus, descendant de David, fils de Dieu et Sauveur du monde. Les gens du monde entier sont invités à s'associer à la célébration de cet événement qui concerne tout l'univers.
La quatrième strophe est particulièrement intéressante : elle proclame la double nature de Jésus (il est à la fois divin et humain), ce qui atteste de la présence d'une pensée duophysite au sein de l'Eglise Evangélique du Congo dont est issu le récepteur.

dimanche 25 mars 2007

Meme Nzambi nyi kula Kongo / C'est moi-même, Dieu, qui délivrerai le Congo

Chant en langue beembe
Récepteur/réceptrice : Marguerite MALELE - NGOIE NGALLA
Date : 12 juillet 1997

1 - Dibundu kebe bungisi, ya lu sumuka
Chrétiens, gardez la sainteté, ne péchez pas
Dibundu bata masumu, ya lu sumuka
Chrétiens, craignez le péché, ne vous souillez pas
Mvutu / Refrain :
Meme Nzambi nyi kula Kongo (2x)
C'est moi-même, Dieu, qui délivrerai le Congo (2x)
2 - Ntsambulu za beenu me nya yukiri zo
J'ai entendu vos prières
Ndombulu za beenu me nya yukiri zo
J'ai entendu vos supplications
3 - Bidilu bia beenu me nya yukiri bio
J'ai entendu vos pleurs
Misakulu mienu me nya yukiri mio
J'ai entendu vos cris
4 - Mpasi za beenu meme nya mwini zo
J'ai vu vos souffrances
Manyongi ma beenu meme nya mwini mo
J'ai vu vos tourments
5 - Ngebe za benu meme nya mwini zo
J'ai vu votre misère
Bitsimi bia beenu meme nya mwini bio
J'ai connu quelles sont vos pensées

Commentaire :
Le chant a été reçu par une diaconesse de l'EEC, membre du kilombo de Paris, peu de temps après le déclenchement de la seconde guerre civile au Congo-Brazzaville, en juin 1997.

Comme une réponse de Dieu aux chrétiens du Congo qui sont choqués et désemparés de voir le conflit du début des années 90 ressurgir avec une violence accrue, le chant véhicule avant tout une promesse de délivrance ("C'est moi-même, Dieu, qui délivrerai le Congo").

La manifestation divine s'articule autour de deux actions : d'une part l'observation et l'écoute attentives de Dieu face à la situation de détresse du peuple ("J'ai entendu... j'ai vu..."), et d'autre part, la mise en oeuvre du salut que Dieu seul peut accomplir (Meme Nzambi, moi-même/moi seul Dieu...). Le refrain redit avec insistance que Dieu seul mettra fin aux événements qui ensanglantent le pays ; aucun homme, si puissant fût-il, ne peut apporter la paix.
La guerre de 1997 au Congo-Brazzaville a terriblement éprouvé la population. Elle connaîtra une escalade plus meurtirère en 1998, après une accalmie d'environ un an. La diaspora chrétienne congolaise en France, touchée de plein fouet par ces événenements, pleure ses morts et se mobilise pour venir en aide aux populations sinistrées. Le chant est donc reçu dans un contexte de deuil et de lamentation générale qui explique les strophes 2 à 5 : aux Congolais qui sont dans la tristesse et se sentent impuissants face aux circonstances, Dieu répond qu'il a entendu et vu leur souffrance, il délivrera le pays. Cependant, le chant répète une promesse dont il faut noter qu'elle est précédée d'une mise en garde contre le péché, ce qui laisse entendre deux choses :
1°) Le peuple est frappé par la guerre parce qu'il a péché. Le sous-entendu est clair : tant que le peuple de Dieu obéissait au Seigneur, le pays demeurait dans la paix. Mais il a désobéi, et le pays est entré dans la désolation. Lourde responsabilité que celle de l'église de qui dépend alors la paix et la stabilité de tout un pays !

2°) La guerre pousse le peuple à pécher par les comportements violents et injustes qu'elle laisse s'exprimer, par les situations insupportables qu'elle produit (viols, massacres, pillages, destructions des maisons, famine, chômage, prostitution, dégradation du niveau de vie, etc.). D'où l'avertissement de Dieu : ya lu sumuka, ne pèchez pas, ne vous souillez pas.
Les chrétiens sont donc invités à se confier en Dieu et à attendre de lui seul le retour à la paix.
Ruth-Annie Coyault

Mbau mu Sodomo na ngundu-ngundu / Pluie de feu sur Sodome

Récepteur : Auguste KOUSSINGUISSA Langue : beembe Année de réception : inconnue Interprète : inconnu 1) Mbau mu Sodomo na ngundu-ngundu [1]...